Le projet d'école

Publié le par ferc cgt 66

Jour après jour, le projet d'école
 
     La rédaction des projets d'école est mal vécue par une majorité d'enseignants du Premier Degré. C'est une contrainte pour les personnels qui ne perçoivent pas comment cet outil peut améliorer la qualité de leur enseignement et en dernière analyse, les résultats des élèves.
 
      Certes, des équipes s'investissent de leur plein gré sur des projets. C'est un fait. Très souvent, il s'agit d'écoles engagées dans une réflexion pédagogique et d'équipe antérieure à la loi d'orientation de 1989. Le fonctionnement en équipe n'est pas subordonné à l'écriture d'un projet : harmoniser les pratiques, communiquer entre enseignants sur le vécu professionnel ; tout ceci peut déboucher sur des documents de travail internes.
 Le caractère obligatoire du projet d'école pose un premier problème sémantique : tracer des perspectives (projet) sous la contrainte (obligatoire). Les projets d'école sont la plupart du temps affichés de manière purement administrative. Concrètement, le projet ne sert très souvent qu'à solliciter des subventions pour des actions pédagogiques spécifiques ou bien à valider un départ en classe transplantée.
 Il est souvent écrit par le directeur à seule fin que l'Inspecteur d'Académie ne pénalise pas son école ; le projet, en lui-même, n'étant pas garant du bon fonctionnement de l'école proprement dite. Les projets sont souvent vagues et écrits de telle manière qu'ils n'interdisent aucune action.
 En définitive, et dans la pratique majoritairement constatée, les projets sont rédigés, approuvés par le Conseil d'école puis remisés jusqu'à la rédaction du prochain.
 
Projet d'entreprise ?
 
La notion de projet est fondée sur une logique d'entreprise.
 Elle est pertinente dans le cadre du marché mais n'est pas adaptée au terrain éducatif ; l'instruction et l'éducation sont des besoins fondamentaux de l'humanité et ils doivent rester en dehors du champ des échanges commerciaux.
 Les idéologues du projet d'école mettent en avant qu'un projet ne peut réussir que si les personnels ont une unité de point de vue et une autonomie de gestion. Rien ne le permet dans le Premier Degré.
 Penchons nous sur la réalité du terrain, aujourd'hui : le mouvement des enseignants ne se fait pas en fonction des projets d'école ; les parents ne connaissent que rarement le projet de l'école où ils inscrivent leurs enfants ; l'Inspecteur d'Académie ne constitue pas la carte scolaire en fonction des projets d'école. Quel serait le visage de l'école en France si tout dépendait des
projets ?
 
Born in the USA
 
Le projet d'école est en réalité directement inspiré du système éducatif américain. Outre-Atlantique, les conditions de scolarisation sont hyper inégalitaires.
 Les enfants de riches fréquentent les écoles privées caractérisées par un niveau
d'exigence disciplinaire élevé. Pendant ce temps, on occupe et on leurre les enfants de pauvres dans une sous école.
Les activités occupationnelles fondées sur des projets prennent le pas sur les disciplines. Les projets sont différents d'une école à une autre et empêchent ainsi les parents de s'unir contre une éducation au rabais. C'est ce qui se trame en France aujourd'hui !
 
Projet : danger maximum !
 
L'objectif est de faire du projet d'école un support publicitaire pour que les parents choisissent leur école.
 Le projet d'école institutionnalise la concurrence entre les écoles. Le choix par les parents de l'école qui mettrait en place un projet à leur convenance est la fin de l'école de la République. Le dernier rempart constitué par la carte scolaire contre l'école à deux vitesses est fortement menacé. Cette concurrence est déjà vivace sur ce terrain là entre écoles publiques et écoles privées.
L'objectif est de changer le fonctionnement de l'école pour qu'elle s'adapte à la politique des projets et qu'elle se plie au diktat de la ventilation des moyens constants ou en régression. Ceci se met en place dans les hôpitaux publics à fin principale de fermer des services. Ce n'est pas un hasard si le projet d'école ne peut pas évoquer dans les faits la question des moyens.
L'idéologie du projet est en définitive un outil de réduction de moyens. Le risque est que les projets cassent l'unité de l'école de la République en brisant la force des programmes nationaux.
 
S'appuyer sur les projets pour revendiquer ?!
 
Présenter les projets d'école comme un moyen de décliner localement des priorités à l'intérieur des programmes nationaux est dangereux.
 La rédaction d'un projet administratif n'est pas un gage d'efficacité de l'école de la République. Rien n'a montré jusqu'à présent que les projets amélioraient les résultats des élèves. Les projets ne sont accompagnés d'aucune évaluation sérieuse. Aucun audit donc, est-il possible d'ailleurs d'en faire honnêtement un ? Le projet d'école obligatoire est à cet égard une illusion. Le projet d'école est un outil de communication créé par le pouvoir pour ouvrir l'école au marché. Se positionner clairement contre les projets d'école n'est pas chose facile car la question des moyens accordés à la qualité du service public est toujours en filigrane. C'est la nouvelle orientation prévue par la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF).
 
Projet : quelle bonne attitude ?
 
Les moyens donnés selon la soi-disant qualité de tel ou tel projet posent un énorme problème ! S'appuyer sur l'idée de projet pour demander des moyens supplémentaires est un piège. Les personnels et les usagers de l'école doivent s'emparer tous ensemble des vrais enjeux éducatifs pour redonner du sens aux rapports sociaux.
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