Violence à l'école, ce qu'en dit la FERC CGT

Publié le par ferc cgt 66

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VIOLENCE : Contribution de la Ferc-Cgt

aux Etats Généraux de la sécurité en milieu scolaire.

 

 

Parler de violence à l’école est devenu un thème récurrent depuis près de 20 ans, tant les médias se font l’écho de faits divers plus ou moins sensationnels.

Il ne s'agit pas de céder à l'exagération émotionnelle, ni à la négation du réel, mais de savoir aborder avec recul un phénomène avec lequel les établissements des 1er et 2nd degré doivent compter.

 

Depuis 1979, le Ministère de l’Education nationale a multiplié les rapports, les plans de lutte, et renforcé des partenariats. Des observatoires ont été créés ainsi qu'un Comité National de lutte contre la violence à l’école, les contrats éducatifs locaux de sécurité, les classes relais, …

Pour autant, la situation dans les établissements ne s’améliore pas, elle tend même à s’aggraver  mais aucun outil fiable ne permet d'en mesurer réellement l'ampleur.

Les témoignages en ce domaine sont nombreux et le mal vivre des personnels de plus en plus pesant. Cette violence qui, jusque là, s’exprimait dans quelques secteurs connus se banalise et se généralise.

Sans outrer le constat, le nombre existe et est devenu insupportable pour la communauté scolaire, tout comme il l’est dans la vie des quartiers.

Dans la plupart des cas, ce qui construit l'insécurité et donne un sentiment d'impuissance, ce sont ce que l'on appelle les « incivilités » qui, à l'école, prennent la forme de grossièretés, bousculades, injures, indifférence,, fréquentes obligations d'avoir à rétablir « l'ordre » pour se faire entendre, etc. Le sentiment d'impuissance s'accentue aussi face à l'absentéisme grandissant.

 

Il ne suffit pas de se limiter à l'étude des manifestations, il faut surtout s’interroger sur les causes.

L’Ecole n’est pas un sanctuaire fermé au monde qui l’entoure et n’a pas non plus vocation à régler seule un problème dont les données essentielles lui sont extérieures. Il lui faut simplement les moyens pour fonctionner en toute sécurité, les moyens de transmettre les connaissances, les savoir-faire, les valeurs dont les jeunes aujourd’hui ont besoin.

 

- Le chômage, la précarité, l'exclusion, … pénètrent le milieu scolaire et induisent des conduites délinquantes et violentes, Les élèves sont plus « difficiles » parce que leurs conditions de vie sont plus difficiles.

 

- Individuellement ou collectivement, les enfants prennent leurs références et déterminent leur conduite dans un espace où la violence est constamment présente, sous diverses formes, autour d’eux. Si les parents portent une part de responsabilité, que dire de la violence de l’Etat à l’égard des jeunes, de sa volonté, mise en échec,  du repérage de « prédélinquants potentiels dès 3 ans » pour cause « d'instabilité émotionnelle » à caractère héréditaire, du fichage dès 13 ans (fichier Edwige) de jeunes « susceptibles de porter atteinte à l'ordre public ». Comment qualifier la « chasse » aux jeunes sans papiers, à leurs parents conséquence  des objectifs chiffrés du  ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement: solidaire ; 125 000 interpellations et 25 000 expulsions par an ? Comment accepter les arrestations de ces enfants, de leurs parents aux portes des écoles, ces expulsions indignes de notre République que seules le mobilisations peuvent enrayer, l’affaire de la jeune Najlae n’en n’étant qu’un dernier exemple, comment supporter la multiplication des gardes à vues de jeunes sans motif réel ?  De fait, l ’Etat lui-même n’apparaît plus comme protecteur de la  jeunesse…

 

- Le manque de personnels qualifiés (infirmières, assistantes sociales, animateurs, éducateurs, …), contribue à ne pas pouvoir répondre à des situations à risques, dimensions globalement absentes de la formation des personnels.

 

- La politique de la ville en matière d'urbanisation conduit trop souvent à la ghettoïsation de publics défavorisés. La suppression de la sectorisation scolaire amplifie ce phénomène dans les établissements.

 

- Les politiques drastiques de suppressions d'emplois (enseignants, vie scolaire, entretien et services, …) dégradent fortement les conditions de travail des personnels et d'étude des jeunes. Elles réduisent la présence d'adultes qualifiés et rendent symbolique l'encadrement des jeunes.

 

 

Le long cheminement de certains élèves dans ces écoles dites « à problèmes », dans les filières d'exclusion est un indicateur concret des difficultés de l'école actuelle à être l'un des outils de l'intégration sociale. N'est-ce pas plutôt l'intégration dans le monde du travail et l'emploi qui sont facteurs essentiels d'intégration ?

 

 

Comment répondre à la violence, avec quels moyens et quelles coopérations ? Quelles relations établir entre les personnels, les jeunes, les parents et au-delà ?

 

Le débat sécuritaire actuel met fortement l’accent sur la répression. Pourtant, au delà du principe moral, des études montrent que la prévention, en terme économique, coûte beaucoup moins cher  que le traitement répressif de la violence.

 

Les parents sont présents dans les Conseils d’école, dans les Conseils d’administration (les élèves également dans cette dernière instance).

Cela est-il suffisant ? Ne servent-ils pas d’alibi, ne sont-ils pas otages du système ? De quelle  préparation bénéficient-ils pour siéger ? Souvent même les personnels ne s’y retrouvent pas !

 

Avec quels autres partenaires de la société travailler, avec quels objectifs ? Depuis 1992, certaines académies ont établi un partenariat avec la police, la gendarmerie, la justice alors que ceux-ci dénoncent les mêmes causes et les mêmes effets que les personnels de l'Education. Cela doit-il faire partie des missions de l’école ?

 

Travailler contre la violence à l'école serait vain si les politiques n'ont pas pour volonté de réduire les inégalités sociales. Les jeunes ont besoin de réussite et de perspectives.

Dans ce cadre, l'école doit répondre à un certain nombre d'exigences.

 

- La première exigence est relative au respect et à la dignité de chacun, personnels et élèves

Il y a besoin d’une écoute du système, de l’administration, et d’une reconnaissance de tous les acteurs, dans des contextes où les rapports sociaux peuvent être complexes entre adultes, jeunes enfants, adolescents et où les enjeux de pouvoir peuvent devenir un facteur déterminant.

 

- La seconde exigence est relative aux conditions matérielles.

Conditions d’accueil et de vie des élèves

Situation et état des établissement et la perception qu’en ont les jeunes

Conditions d’étude des enfants ; amplitude des journées, accès aux outils, à l'information, ...…

Question de l’orientation « subie »

 

- La troisième exigence est relative à la manière de gérer les relations conflictuelles ;

Les élèves en difficultés scolaires peuvent vouloir s’affirmer en exerçant une violence sur les autres puisqu’ils ne « peuvent » le faire par la réussite scolaire.

Les personnels ne sont pas formés pour affronter ces situations, qu’il s’agisse des rapports adultes/élèves ou des rapports avec la hiérarchie.

Il existe très peu de structures de médiation dans les établissements.

 

- La quatrième exigence est relative aux relations éducation/justice/police.

Qu’est-ce qui relève d’une gestion interne (ex conseil de discipline), qu’est -ce qui relève du délit et implique un dépôt de plainte ?

 

 

Un énième rapport ou colloque n'apportera rien de nouveau à ce qui a déjà été fait. Souvent pertinents et de qualité, c'est la volonté de les prendre en compte et de mettre en oeuvre de façon cohérente leurs recommandations qui a manqué.

 

La première faute de l'Etat est de ne réagir, de façon essentiellement médiatique, qu'à l'occasion d'agressions spectaculaires.

La seconde faute est de ne pas avoir assuré ni assumé la réalisation et le suivi des mesures annoncées depuis 20 ans. Elles se sont succédé, l'une chassant l'autre sans leur laisser le temps d'être effectives et sans qu'aucun bilan n'en soit tiré.

 

Il en est de la violence comme de la réussite scolaire, c'est la place accordée à l'éducation dans notre société qui est déterminante. Considérer l'école comme un objet de consommation lucratif ne   constitue pas la bonne voie.

Publié dans Actualité Nationale

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